Tempo, le nouveau de livre de la photographe Noémi Pujol, est le troisième ouvrage qu’elle publie aux éditions Arnaud Bizalion. Encore une fois, elle nous invite à un voyage lent, méticuleux, dans des espaces incertains, qui, bien qu’elle nous donne des indications géographiques, peuvent se confondre en un vaste lieu aux frontières mouvantes.

La rue ressemble à une scène immense ; toile de fond infinie, elle ne saurait se passer de la présence des humains. Ils sont là, marchant, errant, baguenaudant, courant. Vivants. Chacun suit son propre rythme, sa propre musique intérieure. Tous, pourtant, donnent le tempo de la vie, de la ville, de la rue. C’est Solesmes et un visage grimé de Joker, c’est un train et une femme qui dort, c’est Versailles, Hong-Kong, Naples.
C’est aussi un peu plus tard la campagne noyée de pluie ou des chemins de détours.
C’était hier, avant-hier, ce matin.
Ce sont des hommes, des femmes, des lumières, le jour et la pénombre, des rues écrasées de lumière, un regard d’enfant noyé dans la foule.

Partout des corps en mouvement, comme une musique sans fin, comme une danse nécessaire.

Avec Tempo, Noémi Pujol suit la trace de ses précédents livres, achevant avec ce troisième volet ce qui pourrait être une forme de triptyque. Après le calme de Parages et sa quiétude discrète, avec les histoires infinies d’Avant l’écho, nous pourrions voir ce dernier ouvrage semblable à une boucle avec laquelle l’Homme devient le musicien de sa propre existence.

Ici, tout nous ramène à eux, à ces personnes que nous croisons qui pourtant ne nous intéressent guère. Qui sont-ils ? Où vont-ils ces gens ? Qui sait… Tous sont les danseurs d’un monde dans lequel les murs servent de décor et le soleil de lumière. Sommes-nous acteurs ? Sommes-nous spectateurs ? Les deux très certainement, puisque cet immense ballet que nous appelons vivre nous fait parcourir ces rues et ruelles.

Mais, il serait vain de ne limiter l’ouvrage qu’à une simple recension de postures de marches urbaines ou rurales !

Il y a comme toujours dans les photographies de Noémi, dans ce noir et blanc velouté, duveteux et granuleux, quelque chose d’existentiel. Nos vies ont-elles un sens ? À bien y regarder, les images pourraient nous dire le contraire ! On s’agite, on court de droite, de gauche, vers on ne sait quelle chimère, vers on ne sait quel but. Cependant, tout est là, ici dans la lumière blanche d’une ruelle aragonaise, dans le demi-jour d’un matin au Vigan. Et c’est ça qui fait la force du travail de Noémi Pujol : ses photographies, étrangement simples, offrent un regard singulier sur nos semblables. La photographe semble prendre un malin plaisir, presque une jubilation, à traverser le monde, à se poser à un angle de rue, sur une place, à suivre les pas hâtifs des autres pour en saisir une forme de quintessence ; pour quelques années plus tard, quelques décennies, nous dire simplement : « Regardez. »

Tempo. Le mot porte en lui ce rythme, cette musicalité que Noémi en cheffe d’orchestre articule comme une partition aux musiques inconnues.

Voilà, pourtant, la fin du spectacle, les danseurs et danseuses sont déjà loin, partis vers leurs espoirs et leurs demains. Mais il reste encore dans l’air quelque chose de leur présence, un instant subtil que Noémi Pujol nous a offert de la plus belle des manières.

Pour découvrir le travail de Noémi Pujol

Pour commander le livre chez Arnaud Bizalion

32€

Graphisme Jérémie Le Maout

FF 16 x 23 – 144 pages

90 photographies NB

ISBN 978-2-36980-103-0

EAN 9782369801030