Smoke – Michael Ackerman

Smoke, Benjamin, michael Ackerman, L'axolotl éditions, Caroline Bénichou, cconte, Cabbagetown, souvenirs, temps, enfants,
©Michael Ackerman

Premier livre publié par L’axolotl, la toute nouvelle maison d’édition fondée par Caroline Bénichou, Smoke propose un travail de Michael Ackerman. Les photographies prises à Cabbagetown, dans la banlieue d’Atlanta en 1996 sont consacrées à Benjamin chanteur, poète, musicien, figure du groupe Smoke.
Conçu sous forme de scrapbook, avec les images de Michael, des textes de Benjamin, les mots de Patti Smith et Jem Cohen, cet ouvrage est une plongée dans deux univers qui ne pouvaient que se rencontrer : celui délicat et poétique de Benjamin, celui tout aussi poétique et sensible de Michael Ackerman. Même si Benjamin est maintenant disparu, les images restent, au-delà de l’hommage.

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Les enfants sont là, les kids des rues de Cabbagetown, joueurs, rieurs, torse nu dans l’été plein de chaleur, entourés de frères et sœurs, ils sont partout. Ponctuations des images, on les croise à chaque instant, pleins de vie, de joie, d’espoir… Comme celui qui habite Smoke.
Puis, figure tutélaire, silencieuse, calme et presque religieuse apparaît Benjamin. Une sorte de grand-frère un peu punk, au sourire aussi doux qu’énigmatique. C’est aussi cet homme avec un aigle qui surgit, s’allumant une clope. Des chiens jouent, la fumée des cigarettes baigne le monde ; il y a la musique, la joie, une joie simple et communicative, la beauté des choses, de l’amour et malgré la pauvreté, la simplicité des existences.
Le bonheur est quelque part par là malgré le temps enfui.

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©Michael Ackerman

Sur un des textes collés dans le livre, fac-similé de l’original, Benjamin écrit : « the path to a friends house is never too long » (le chemin vers la maison d’un ami n’est jamais trop long). Smoke propose des photographies réalisées il y a 27 ans, mais la phrase du chanteur a quelque chose d’étrangement prémonitoire. Elles sont modernes ou plutôt atemporelles ces images. Si on reconnaît immédiatement le style propre à Michael Ackerman, ce noir et blanc si particulier initiateur d’une voie que de nombreux photographes suivent maintenant, le propos a quelque chose de hors du temps. Les figures viennent et s’en vont, on découvre des fragments de vie, et parfois il ressort de la lecture comme une sensation de conte. Peut-être que la magie tient simplement dans le regard que l’on porte sur les êtres et les choses ? Et que ce regard, ici plein d’amour et de curiosité, rend tout ceci presque éternel ?
Il s’agit bien évidemment d’un retour sur un passé plus tout jeune, sur des lieux qui ont dû être bouleversés depuis, sans parler de ceux qui ont disparu à commencer par Benjamin. Oui mais voilà, tout ça existe parce que Michael l’a photographié, parce qu’il l’a perçu ainsi, parce que ça ne peut pas mourir. La magie est en chacune des pages, accompagnée de la musique, de la poésie. Et surtout de l’amitié que se portaient les deux hommes. Même si par moments le lecteur ressent le fragile dénuement des habitants, même si par instants sourde quelque comme l’éclat d’un monde englouti, on ne peut s’empêcher de penser : il était une fois…

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©Michael Ackerman

C’est le propre de certaines histoires d’amour et d’émerveillement de ne jamais cesser. Celle qui est dans Smoke en fait partie. Les enfants vont continuer à jouer dans les rues, parce que c’est ainsi que font les enfants quand on leur laisse la liberté d’être eux-mêmes. La musique de Benjamin, de Smoke continuera à hanter les airs, il y aura toujours des rayons de lumière sur des ruelles désertes. Au fond, Smoke est plus qu’un livre, qu’un témoignage sur Cabbagetown, sur une époque, sur l’underground… C’est un testament, la trace manifeste de quelque chose qui ne peut et ne doit jamais cesser. Mais c’est un testament plein de vie, qui ne demande qu’à exister et se diffuser.

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©Michael Ackerman

Le temps a passé, s’est enfui, mais par-delà la nostalgie, la mélancolie, Michael Ackerman fait ce voyage. Smoke est un immense livre parce qu’il ne s’offre pas au premier ou au second regard. Il faut prendre le temps de le lire, de le comprendre, de creuser plus avant chacune des images pour en découvrir le sens. De même que les contes sont d’abord destinés à enseigner, ce livre est une leçon de photographie en plus d’une leçon d’humanité.

Rien ne meurt jamais où il y a de la beauté.

Rien ne meurt jamais puisqu’on garde le léger sourire plein de douceur de Benjamin en mémoire.

Rien ne meurt jamais parce que Smoke rend les choses éternelles.

Site de Michael Ackerman

Site de L’axolotl

65€

 Composition 136 pages dont 3 dépliants, livret inclus de 20 pages 

Couverture Reliure suisse, couverture souple à rabats 

Spécificités Impression en quadrichromie sur papier offset 

Dimension 26 x 20 cm 

Poids 700 g

Isbn 978-2-9588393-0-7

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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