Djengui – Alexandre Vigot

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©Alexandre Vigot

Avec Djengui, Alexandre Vigot signe son second ouvrage chez Arnaud Bizalion Éditeur. Fruit d’un travail de cinq ans au cœur de la forêt tropicale du bassin du Congo, dans la réserve du Dja, où le photographe est parti à la rencontre du peuple Baka, de ses coutumes, de ses légendes, de ses traditions en lien avec l’espace forestier, notamment celles liées à Djengui, l’esprit des bois. Mais, son travail ne s’arrête pas là, puisqu’auvergnat de naissance et résidant en Auvergne, il photographie aussi cette partie de la forêt française et ceux qui en vivent ou y vivent. Djengui questionne les rapports ancestraux de l’Homme avec cette forêt tout à la fois lieu de vie, de magie et de mystère, ainsi que notre relation contemporaine et consumériste à celle-ci.

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Impression risographique. Des Hommes. Des arbres. Des hommes blancs, des hommes noirs. Des arbres, encore des arbres, et des mémoires. La forêt est vivante, touffue, impénétrable et pourtant à des milliers de kilomètres de distance on construit des abris de fortunes avec des branches et des feuilles. On se réfugie sous les futaies, les arbres nous contemple, on les vénère.
Les regards sont figés, perdus dans l’ombre. On traverse l’épaisseur des bois, on se rappelle des légendes, on n’oublie pas Djengui.
Mais pourtant la modernité, ici et là : un blouson, un pantalon. Qu’importe… Il reste encore bien assez de mystères que ce soit en Auvergne ou dans la réserve du Dja.

« (parlant d’un guide) Il m’explique les vertus de certains arbres. » « C’est là que règnent les esprits. » « L’enfance, période de la vie où les relations à la nature et aux arbres est plus facile, plus évidente. »

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©Alexandre Vigot

Voilà ce qu’écrit dans son ouvrage Alexandre Vigot. Et de fait, son ouvrage questionne, au-delà de la double rencontre humaine et culturelle, nos rapports à l’espace forestier, à l’arbre et à la mémoire.
Nous sommes habitués, nous européens, a des forêts cultivées. Il n’y a plus guère de lieux en Europe qui possèdent encore une forêt primaire non exploitée. A l’inverse la relation des Baka avec celle-ci reste encore emprunte d’une mystique mêlant religion, légende et magie. Là où vit Djengui, l’esprit des bois, l’humain n’a qu’une place minuscule, il n’est que l’infime partie d’un tout immense qui le dépasse et qu’il faut chanter et consulter.

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©Alexandre Vigot

Ce double énoncé invite à une réflexion complexe. D’abord quel est notre relation à ? Comment vivons-nous la forêt ? L’opposition manifeste entre européens et africains se traduit dans le paysage. Si les premiers vivent une forêt vivante, personnifiée, les second font de ce lieu un champ d’exploitation commerciale. Deux mondes, qui pourtant finissent par se rejoindre. D’un côté la modernité, l’acculturation distendent les liens homme-forêt, font perdre peu à peu la mémoire collective et ancestrale, de l’autre une volonté émergente de revenir à quelque chose sinon de plus naturel, au moins où l’intervention humaine, son emprise sera moins forte.
Deux visions qui au final sont convergentes.
Et qui invitent ensuite à repenser notre rapport à la forêt. Là où la culture Baka entre  en relation avec les esprits, considérant ainsi l’espace forestier non comme un simple lieu de passage, de chasse ou d’exploitation, certaines associations auvergnates militent pour une gestion durable, notamment pat la multiplication des espèces végétales. Ces deux visions sont autant de moyens d’exprimer la symbiose qui unit l’humain à l’arbre. Arbre protecteur, terrain de jeux de l’enfant, arbre nourricier, territoire inconnu… La forêt permet d’exprimer notre rapport au sacré, de construire nos légendes personnelles et intimes et nous sert aussi à respirer.

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©Alexandre Vigot

Les liens qui nous relient sont donc tout à la fois utilitaires et vitaux, mais aussi source d’élévation. Ca quelque soit la partie du monde où nous vivons, ce que le livre d’Alexandre nous rappelle de manière délicate.

Avec Djengui, avec ce regard plein de curiosité qui est le sien à chacun de ses travaux, Alexandre Vigot nous invite à réfléchir à un lieu-espace fondamental pour notre survie physique et morale.
Chacun.e d’entre nous ne pourra que prendre le temps de se rappeler ses propres souvenirs de cabanes, de bois, de cueillette, poussant ainsi la réflexion vers un espace plus vaste et universel. Nous ferons ça pour le plaisir mais aussi pour l’avenir.

Site d’Alexandre Vigot

Site d’arnaud Bizalion Éditeur

27€

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Frédéric MARTIN
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