Tropical Stoemp 03

Tropical Stoemp éditions Le Mulet Mathieu VanAssche Simon Vansteenwinckel
©Stéphane Charpentier

En ces temps incertains où le monde baguenaude gentiment au bord du précipice que reste-t ‘il aux Hommes ? L’alcool ? La drogue ?  L’amour ou le sexe ? La fuite ?

Dieu ?

Avec ce troisième opus de leur traditionnel Tropical Stoemp, l’équipe des éditions Le Mulet (Mathieu VanAssche et Simon Vansteenwinckel) s’attaque à la chanson iconique de Depeche Mode : Personal Jesus (rappelons le principe : un appel à candidature est lancé, chacun y va de son interprétation du morceau, sont gardés ceux qui correspondent en toute subjectivité au projet).

Tropical Stoemp, l'équipe des éditions Le Mulet (Mathieu VanAssche et Simon Vansteenwinckel)

Une vitre de voiture salie et un autocollant d’un Jésus au regard éteint, le fils de Dieu est partout. 

Un couple prend la pose, illuminé par des cierges, le sacré et le profane se croisent. Décidément Dieu en plus d’être Amour est vraiment partout.

Des visages extatiques, presque dans la fulgurance d’un orgasme, un enfant aux mains jointes, Elvis, un vieil homme barbu et un cadavre d’animal, une foule photographiant, une femme nue enceinte, un Christ abandonné sur une plage, partout, il est partout et on mélange peu à peu la Foi, le quotidien, le religieux et le terrestre.

Des cœurs, des corps dans le brouillard, des croix et l’ombre et la lumière, jusqu’au rouge vif d’un crucifix des mains caressant les pieds d’une statue.

Dave Gahan chantant « Reach out, touch faith/ your own personal Jesus »

Jésus est là, hallelujah…

Dieu god foi
©Elie Monferier

Au fond le chanteur a raison : la religion, la croyance a quelque chose de personnel et d’intime, chacun trouvant (ou rejetant) les paroles sacrées de toutes les obédiences au regard de ses propres choix, de ses propres croyances.

Pourtant force est de constater que dans nos pays occidentaux la figure du Christ est omniprésente, deux mille ans de christianisme n’y étant pas pour rien. 

Mais en ces temps où la religiosité paraît diminuer (du moins celle relative au catholicisme et au protestantisme), ce Tropical Stoemp 3 semble faire mentir les chiffres.

Notre culture si profondément imprégnée de ces traditions les révèle au grand jour dans la revue. On baigne dedans au point même que l’on n’y fait peut-être plus vraiment attention. Est-ce ça aussi le sens de ce Jésus personnel de la chanson ? L’inclusion inconsciente des images classiques du sacré dans nos habitudes profanes ? 

Il y a très certainement de ça.

rencontre Elvis photo Depeche Mode

Après un numéro deux plutôt primesautier (difficile de faire dans le tragique avec Les sunlights des Tropiques…), ce Tropical Stoemp 03 semble plus sombre, plus grave, bien que toujours aussi réussi.

Les images pop, kitsch ont laissé place à des moments à la sensibilité profonde, parés d’un poids intrinsèque. C’est un fait que l’époque est complexe, sinon compliqué, c’est au fait aussi que le sujet ne porte pas immédiatement à la rigolade franche. Et les images proposées emportent le lecteur vers un espace de réflexion sur le poids de la religion, sur les difficultés du temps présent.

Pourtant, la patte Le Mulet est toujours là. Certes, le lecteur est amené insensiblement à s’interroger sur ses propres croyances, sur sa propre foi (l’absence de celle-ci en étant une forme particulière). On se questionne sur l’amour, la crainte et la joie ; on regarde le monde d’un œil autre parce que justement ces symboles auxquels on ne faisait plus attention sont là, partout, tout le temps. Mais il y a encore et toujours cette belle ironie, ce côté rock qui fait l’essence de la revue. 

L’équilibre du plat se fait tout naturellement et l’on se régale encore une fois !

« Jesus save » clame une peinture murale. « Coming soon » répond une vitrine. Et bien attendons le alors, dans la noirceur des nuits de prières païennes, dans la voix rauque de Johnny Cash reprenant Depeche Mode.

Et pour patienter relisons encore ce Stoemp cuisiné savamment. 

Avec la participation de  :

Michael Ackerman, Federico Arcangeli Ogulcan Arslan, Cécile Baldewyns, Stéphane Charpentier, Guillaume Chauvin, Cloro, Aurore Dal Mas,
Régis Delacote, Jérémie Denis, Didier Derien, Edward Dimsdale, Johan Entchev,
Dorian Feraud, Jessica Gérard, Emiliano Gori, Manu Jougla, Aleksei Kazantsev,
Marco Marzocchi, Fábio Miguel Roque, Elie Monferier, Mila Nijinsky, Igor Pisuk,
Paco Poyato, David Pujol, Myriam Rispens, Swiffer Roux, Roberto Segate, DavidSiodos, Rafael Tanaka Monzó, Pablo Tegli, Alan Tex, Jordan Utley, Mathieu VanAssche, Simon Vansteenwinckel, Manon Weiser Mickael Zermati

Site des éditions Le Mulet

18€

80 pages

Offset print / 22 x 28 cm / Soft cover with gold ink &
metallic hot stamping


Si vous souhaitez participer au n°4: la chanson choisie est celle de Sandra Kim – J’aime la vie

Envoyez vos images à info@lemulet.com avant le 31/01/2024

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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