Les yeux blanchissent quand les pas s’essoufflent – Quentin Yvelin

Pretobooks Fabio Miguel Roque Les yeux blanchissent quand les pas s'essoufflent Quentin Yvelin
©Quentin Yvelin

Publié par Pretobooks (Fabio Miguel Roque), Les yeux blanchissent quand les pas s’essoufflent de Quentin Yvelin nous amène dans un espace incertain, aussi bien physique que mental. Un lieu intermédiaire à la croisée des mondes où se rejoignent ce qui fût, ce qui est et ce qui sera.

 

Voir voyant Rimbaud

 

La neige tombe et les yeux bleu pâle nous fixent en silence.

L’étang à la surface lisse s’apprête à accueillir les compagnons, les amies de l’errance.

Poursuite d’une chevelure dans laquelle se noyer, des mains pleines ou vides, des paumes au fragment de couronne d’épine.

Offrandes de vide, vertige des absences et des souvenirs.

Le temps n’a pas de prise et le regard de la jeune femme nous poursuit, nous hante.

Quentin Yvelin photographe traverser miroir visages
©Quentin Yvelin

 

Dans un texte introductif, Quentin Yvelin écrit :

« Oser le dessous des choses / aller voir ce qui ne se regarde pas. »

Et de fait son ouvrage creuse le sillon de l’invisible, de l’insu.

Chaque page comporte sa propre mystique, une élévation du lieu et de l’âme pour rejoindre un ailleurs intangible, un repère de l’esprit éphémère et insaisissable.

Mais vers quoi porte ce regard qui devrait s’effacer ?

Pretobooks Fabio Miguel Roque Les yeux blanchissent quand les pas s'essoufflent Quentin Yvelin
©Quentin Yvelin

 

Il s’agit ici non pas de voir, au sens propre du terme, mais plutôt de voir au sens plus large, dans une acception de sentir. L’expérience du réel se heurte trop à la réalité pour lui accorder une confiance complète, à contrario le photographe doit, si nous suivons le parti-pris de Quentin, aller au-delà du simple regard.

Visionnaire le photographe ? Ou voyant au sens de Rimbaud, des auteurs de la Beat Generation ? Très certainement.

Le travail proposé par Les yeux blanchissent quand les pas s’essoufflent prend dès lors une tournure de mystère.

Les lieux, la présence de l’eau comme une absolution, un miroir à traverser invitent le lecteur à regarder autre chose que ce qu’il a sous les yeux.

Pretobooks Fabio Miguel Roque Les yeux blanchissent quand les pas s'essoufflent Quentin Yvelin
©Quentin Yvelin

 

Les amis, ces voyageurs qui nous accompagnent, que nous croisons, se révèlent à nous, de même que les espaces païens.

Dans un texte d’Ophélie Jaësan, Sanctuaire, qui accompagne les images de Quentin, celle-ci écrit :  » Un seuil est franchi. Rappelle-toi. » Et c’est bien ici un rituel de passage qui se déroule sous nos yeux, qui fait de nous les Initiés d’un monde que personne ne voit.

Ce livre est une expérience au sens le plus pur du mot, c’est à dire le fait d’éprouver la réalité dans sa matière la plus concrète, la plus nue.

Il n’est pas nécessaire de comprendre, parce qu’il n’y a pas grand-chose à comprendre et que ça n’a pas de sens en soi.

Il faut ressentir, il faut vivre, il faut être à Soi, aux Autres.

Il faut s’imprégner de tout : des sons, des corps, des voix, des lieux, des odeurs, des goûts, des textures ; être à l’Univers autant qu’à l’Instant.

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Quentin Yvelin nous offre ici un livre magnifique (et le travail de maquette ajoute à sa qualité) d’une densité surprenante.

Les yeux blanchissent quand les pas s’essoufflent devrait servir de référence à qui veut Être plutôt que simplement exister, à qui veut Vivre plutôt que traverser.

Site de Quentin Yvelin

Site de Pretobooks

30€

 

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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