Nada – Marie Sordat

Marie Sordat Le mulet Nada

 

Que reste t’il quand il n’y a plus rien ?

Des images, peut-être.

Nada, par Marie Sordat, paru aux Editions Le Mulet pourrait être un livre d’achèvement. D’aboutissement ou de fin ?

Mais le rien n’est-il pas, aussi, le point de départ du tout ?

 

Marie Sordat Le mulet Nada
©Marie Sordat
On arrive au bout de la clope, un goût un peu amer dans la bouche. La bouteille nous attend et au dehors le monde ne cesse de s’ébrouer dans le froid, la gaieté un peu factice des nuits new-yorkaises.
Alors, on prend l’appareil, on photographie pour ne pas oublier.
On photographie.
Que faire d’autre, si ce n’est continuer à tourner dans la grande lessiveuse des étoiles ?
On cherche au coin d’une rue, au rayon des alcools forts, dans un bal que ne renierait pas De Palma, la robe blanche de la jeune fille. Celle-là qui surgit en ces instants incertains, au grès des pages, de la vie et de l’Ailleurs.
Plutôt que de suivre le lapin, il paraît tout aussi urgent de suivre Alice finalement.
Poursuivre le monde au-dehors pour retrouver celui du dedans ?
Marie Sordat Le mulet Nada
©Marie Sordat

 

Mais il n’y a rien.
Ou il y a tout.
Question de verre vide, plein, de moitiés irréconciliables dans le lit conjugal.
On s’aime, on se déteste. On va chercher dans le lointain, partout où vivent les Hommes. Quêter, guetter. Nada. Là où d’autres ont chanté Todo Esta Aqui.
Et on revient, encore.
Encore.
Encore.
Marie Sordat Le mulet Nada
©Marie Sordat

 

Marie Sordat nous offre ici un livre immense aux lectures multiples, aux voix en échos.
A l’instar dEmpire, son premier ouvrage, le lecteur doit creuser sa piste dans ce jaillissement permanent. Ici pas d’unité de lieux, de temps. Pas de clés trop évidentes. Pas de Deus Ex Machina.
Certes, la vie est un vaste théâtre (et peut-être une immense farce) et la photographe s’en empare.
Mais de ce flot continue il ne reste Rien.
Ou Tout.
C’est encore une fois une question de prisme, de vécu et de choix.
Marie Sordat Le mulet Nada
©Marie Sordat

 

L’univers est bien vaste pour qui ne sait s’y aventurer. Avec Nada, Marie nous prend par la main, nous mène où ses pas portent.
Un chat traverse une cour, un homme écrit sur le toit de sa voiture.
Fulgurance de la balançoire en apesanteur, le lapereau doit encore grandir pour espérer rattraper Alice.
Mais, voilà, face au vide, face aux Lieux et aux Êtres, la photographe nous laisse seuls.
Débrouillez-vous. Il n’y a Rien. Il y a Tout.
Marie Sordat Le mulet Nada
©Marie Sordat

 

« Comme toujours, il y a le livre qu’on voulait faire et le livre que l’on va faire. » écrit Marie en exergue.
Comme toujours, il y aura les possibles que se forgeront les lecteurs, et ceux qu’offrait la photographe.
Comme toujours on cherchera éventuellement à comprendre, parce que nous ne savons pas faire autrement.
Mais peut-être que pour une fois, il n’y a rien à comprendre.
Ou tout.
C’est juste une question de point de vue.
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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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