Je n’écris plus pour moi seule – Lise Dua

 

 

Le lien. Cet élément si ténu qui uni les familles, les relie d’une génération à une autre, quel est-il ? Parfois fragile, quelque fois rompu, il semble indéfinissable, immatériel.

Lise Dua à travers Je n’écris plus pour moi seule, autoédité, se penche, sur ce qui le tisse. Ou plutôt cherche ce qui a tissé celui-ci tout au long de son histoire familiale et personnelle…

 

Lise Dua je n'écris plus pour moi seule DRAC AURA famille
©Lise Dua

 

2018, Lise redécouvre les photographies qu’elle a fait de sa sœur cadette, constate des similitudes troublantes entre ses clichés et ceux que son père fit d’elle enfant.

Echos, ressemblances, le temps fige des images distantes de plusieurs années dans des situations semblables.

Viennent les questionnements : que nous proposent ces photographies sur les liens familiaux ? Que transmet-on ? Que reste-t-il d’elles ?

L’écho se propage peu à peu : ici une enfant et l’ombre du père, là une sœur et l’ombre de l’aînée.

Un homme. Une femme. Des parents.

 

Lise Dua je n'écris plus pour moi seule DRAC AURA famille
©Lise Dua

 

 

Se plonger, ainsi, dans les détours familiaux, suppose de revenir sur sa propre enfance et sur ceux qui la firent.

Père, mère, grands-parents.

Les disparus, les souvenirs et les traces.

 Le livre de Lise Dua est agrémenté d’extraits de journaux intimes : le sien, mais aussi celui de sa mère.

De cet ensemble ressortent plusieurs impressions.

Celle, déroutante, de la similarité entre les clichés que séparent dix années. Singularité que n’a pas manqué d’exploiter et de questionner Lise. Vient ainsi la question de son rôle dans l’histoire familiale, sa place. Elle devient celle qui transmet, qui fait le pont entre les générations, plus largement entre les femmes de cette famille. Rôle important et lourde charge.

Mais s’ouvre aussi deux autres interrogations.

Quelle place a le cliché de famille dans la photographie ?

Toutes ces photographies, témoignages intimes d’époques révolues, de moments disparus portent en elles une forme d’universalité. Nous avons toutes et tous regardé, conservé, stocké ces moments d’enfances, ces gâteaux aux bougies bariolés, ces moues boudeuses de l’adolescence.  Ces photos qui nous appartiennent de prime abord ont finalement un fond commun beaucoup plus vaste. Et sont des échos qui résonnent à nos yeux et nos cœurs.

 

Lise Dua je n'écris plus pour moi seule DRAC AURA famille
©Lise Dua

Se pose aussi la question du rôle du photographe. C’est celui qui transmet, le passeur d’histoires, de mémoires. Fonction essentielle, lourde de responsabilité. Pas nécessairement parce que ses clichés doivent refléter la réalité, mais bien parce que justement en ne la reflétant pas ils témoignent bien plus profondément de ce que furent ou non ceux qui sont représentés.

Ainsi ce cliché où le personnage de gauche, fantomatique, propose une lecture sur la disparition de nos aïeux. Plus encore parce qu’il y a cette enfant en contrepoint.

Lise Dua je n'écris plus pour moi seule DRAC AURA famille
©Lise Dua

 

Le livre de Lise Dua mérite une attention toute particulière. Par son apparente simplicité et sa construction thématique, il va à l’essentiel et permet au lecteur de s’interroger bien au-delà des clichés sur ce qu’est la photographie vernaculaire, sur le pouvoir et la place de celle-ci dans nos histoires, nos vies, nos familles.

Et soulever des questions est essentiel en photo.

C’est une force que peu d’ouvrages ont.

Site de Lise Dua

 

 

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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