The Gatekeeper – Lene Marie Fossen
The Gatekeeper par Lene Marie Fossen, aux éditions Kehrer Verlag, est de ces livres qui ont ou vont marquer la photographie.
A l’âge de 10 ans Lene Marie décide qu’elle ne veut plus grandir, peut-être terrifiée par la vie d’adulte, peut-être parce que notre monde n’est au fond pas si engageant. Qui sait ce qui peut justifier un choix si terrible ? A t’il même besoin d’une justification…
Et dès lors la jeune femme sombre dans l’anorexie.
©Lene Marie Fossen |
Plus tard, l’auteur décide de se mettre en scène dans une succession d’autoportraits. Bien souvent dans des lieux abandonnés, vides, détruits (notamment dans une léproserie grecque), elle dévoile les ravages de 20 ans de maladie. Elle se dévoile alors que l’anorexie lui interdit toute émotion.
Mais il serait vain et réducteur de considérer que le travail de Lene Marie Fossen n’est qu’une évocation de ce trouble.
© Lene Marie Fossen |
The Gatekeeper est un cri.
Le hurlement de celle qui sans cesse cherche des portes.
Qui lui permettraient de quitter le monde de la maladie.
Qui lui ouvriraient l’univers de l’espoir.
Qui donneraient, peut-être, sens à ce qui ne semble ne pas en avoir.
Et qui sans cesse restent closes ou ouvrent sur d’autres. Il n’y a d’autre fil d’Ariane que la volonté de guérir, pas d’autre possibilité que de témoigner de la souffrance. Dans sa totalité, sa force implacable et destructrice.
The Gatekeeper est un livre marquant.
Parce qu’il ne s’agit pas d’évoquer, mais de provoquer. Parce qu’il ne s’agit pas de convoquer mais d’invoquer.
C’est aussi le message d’une artiste vers ceux qui souffrent, emprisonnés dans leurs corps, dans leurs âmes.
Dans la mise en scène, dans le noir et blanc ou les couleurs pastels, Lene Marie Fossen invoque les mânes. Elle est un pont entre la vie et la mort, l’héroïne aux portes des Enfers se retournant une dernière fois.
Qui ne sait encore quel monde choisir.
© Lene Marie Fossen
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On ne sort pas indemne de la lecture de The Gatekeeper. Et c’est ce qui en fait un très grand livre. Derrière la douleur, derrière le corps décharné, derrière le choix tragique, il y a les autres.
Ceux que la guerre anéantis.
Ceux qui sont martyrs.
Ceux qui ne perdent espoir.
Jamais.
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