Mon neveu coréen – Hyunmin Ryu

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©Hyunmin Ryu

À l’approche des fêtes de fin d’année où tout à chacun multiplie les prises de vue improbables avec un téléphone dernier cri, un ouvrage comme Mon neveu coréen de Hyunmin Ryu, paru aux éditions Le bec en l’air, détone.
Pendant six ans, l’artiste a vécu avec son neveu, Kim Saehyun. De ce quotidien est née une œuvre photographique, trace de leur complicité aussi tendre que sincère. Alors qu’il reprend les codes de la photo de famille l’auteur exprime, pourtant, à son neveu qu’il est plus que ça, que leur relation tient tout à la fois de l’amitié et de la fraternité.

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Un enfant marche dans la rue brandissant un QR code devant son visage. Un peu après, nous le voyons menacer un dinosaure gigantesque d’une arme futuriste que n’aurait pas renié Capitaine Flam.
Il pose avant de partir à l’école masqué, dans un décor immaculé de studio. Il est capitaine d’un navire en perdition, acteur mystérieux derrière de grosses lunettes noires. Il est aussi un enfant qui dort, grandit, vit. Les instants sont tendres ou drôles, quelquefois décalés ou emplis d’une nostalgie douce.
Le petit change, devient un adolescent, mais semble prendre toujours plaisir à ces scénettes où mémoire, tendresse et humour sont intimement entrelacés.

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©Hyunmin Ryu

Hyunmin Ryu réinvente, à sa manière, la photographie de famille. Nous avons tous, dans de grands classeurs aux feuillets plastiques, dans des boîtes en fer, ou même de simples pochettes, des images du passé. Nous étions alors les victimes plus ou moins consentantes de sessions photos parfois interminables. Souvent, c’était une grande tante, un oncle malheureusement assez peu doué, qui nous imposaient de sourire face à un polaroïd ou un 24X36 mal utilisé. Il en reste aujourd’hui des clichés passés, dont parfois nous ne nous souvenons absolument pas.
Le photographe, lui, prend le contre-pied de cette pratique pour en faire une œuvre en soi. Travaillant la technique, les éclairages, la mise en scène, saisissant aussi des instants sans préméditations de vie quotidienne, ce qui ne pourrait être que des photos de son neveu devient un livre complet et complexe.
En effet, ici pas de flous, de cadrages approximatifs, de surexpositions, mais des images léchées, soignées, où chaque détail est pensé. Kim Saehyun se prête de bonne grâce au jeu de son parent et peu à peu un vrai échange voit le jour.
Il ne s’agit plus de montrer un enfant en train de grandir, mais bien de faire émerger tout ce qui se noue entre les deux protagonistes. D’un côté un oncle exprimant tout son amour, de l’autre un petit garçon vivant sa vie plutôt joyeuse et insouciante.

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©Hyunmin Ryu


Redéfinissant les contours de la photographie de famille Mon neveu coréen interroge sur ces traces que nous voulons garder face au temps qui ne cesse d’avancer, ainsi que sur la forme qu’elles peuvent prendre.
S’agit-il, au fond, de remplir des boîtes, des cartes mémoires ou au contraire de faire de l’image un pont afin de nouer un lien durable ?
La photographie de nos proches a quelque chose d’essentiel face à l’inéluctable et bien évidemment nous n’avons pas tous dans nos entourages des photographes. Toutefois, il y a une forme de certitude dans l’idée que chaque image compte et que, peut-être, plutôt que de les accumuler, il serait intéressant de penser celles que nous faisons. Parce qu’en filigrane l’intéressant de cette pratique, c’est avant tout l’échange qu’elle produit. Échange verbal ou non, relation plus profonde, plus intime, la construction se fait à deux. À quoi bon, dès lors, photographier pour photographier ?

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©Hyunmin Ryu

Hyunmin Ryu ne se cache pas de son admiration pour ce membre de sa famille. Il la met en scène, en joue et nous l’offre à voir, prenant soin de réduire la quantité produite et veillant sans cesse à la qualité plastique.

Même si nous ne sommes pas familiers avec la technique, même si nous n’avons pas une grande connaissance de l’esthétique de la photographie, il paraît souhaitable de prendre cette voie. Créer un moment à deux, inventer un jeu au lieu de faire de l’appareil un instrument de torture, voici des défis à relever avec enthousiasme !
Nos enfants, plus tard, en garderont certainement un souvenir bien plus ému que celui où on leur dit « Mais souris bon sang ! »

Site de Hyunmin Ryu

Site des éditions Le Bec en l’air

30€

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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