Celles qui tissent – Lise Dua

Lise Dua, Sororité, transmission, héritage, famille, éditions Isabelle Sauvage, mémoire, souvenirs, savoir, femme, mère, soeur, fille, livre, photographie, Frédéric Martin, chronique, 5ruedu,
©Lise Dua

Lise Dua, invitée en résidence à Plounéour-Ménez durant l’été 2023, s’est attachée à saisir le lien humain, mais aussi culturel, mémoriel ou social qui se tisse entre des femmes de diverses générations.
S’attachant à le retranscrire à la fois photographiquement et par écrit, sa collecte se trouve maintenant publiée par les éditions Isabelle Sauvage dans un livre intitulé Celles qui tissent.

Lise Dua, Sororité, transmission, héritage, famille, éditions Isabelle Sauvage, mémoire, souvenirs, savoir, femme, mère, soeur, fille, livre, photographie, Frédéric Martin, chronique, 5ruedu,

« Le breton les aura beaucoup rapprochées. »

Elles se prénomment Jeanne, Gaïa ou encore Berc’hed. Mères, filles, sœurs, nièces : elles sont une trentaine à témoigner de leur parcours, des relations complexes, parfois difficiles, souvent lumineuses qui les unissent.
Alors qu’elles posent pour la photographe dans une simplicité poétique, vibrante surgissent parfois des photographies anciennes en noir et blanc, mémoire du temps passé, des souvenirs ; d’autres images aussi : une main qui collecte ou qui dessine, des pieds qui dansent. Ces femmes ont en commun une langue, la vie ailleurs, Paris ou New-York, la Bretagne, les rochers, des douleurs et des joies infinies.
Formant une toile invisible, toutes gardent le passé, vivent le présent, construisent l’avenir.

« C’est avec une certaine émotion qu’Amélie voit se répéter avec sa fille, Soraya, des scènes de son enfance. »

Lise Dua, Sororité, transmission, héritage, famille, éditions Isabelle Sauvage, mémoire, souvenirs, savoir, femme, mère, soeur, fille, livre, photographie, Frédéric Martin, chronique, 5ruedu,
©Lise Dua

Celles qui tissent n’est pas simplement un ouvrage photographique. Par sa forme même, cette structure où se mêlent témoignages oraux, scènes de vie, portraits posés, il construit une histoire bien plus vaste que les pages qui le composent.

Ce récit, c’est celui de la vie, de la famille, des origines, des transmissions. Alors que les enfants grandissent, ont à leur tour d’autres enfants, il convient de se pencher, comme la fait Lise Dua, sur ce qui inscrit ces chroniques familiales dans quelque chose de plus vaste, plus universel.

D’abord, des échos se font d’une femme à une autre, d’une famille à une autre. Les rencontres s’opèrent par le bouche à oreille ; la photographe pénètre les intérieurs, saisit des fragments — petites choses toutes simples mais primordiales. Puis, viennent les confessions : la mère trop « enseignante », une grand-mère racontant des histoires en breton et que l’on enregistre, « une famille qui tricote, tire le fil de ce qui lui échappe. »
Tout se crée ainsi, avec simplicité.
Ensuite, vient le temps de relier, c’est-à-dire d’unir, d’attacher, mais aussi de lier à nouveau — quand les relations sont un peu distendues — pour comprendre que chaque individu forme la partie d’un ensemble plus complexe. L’artiste tisse des liens invisibles puissants d’une fratrie à une autre, d’une demeure à une autre.

Lise Dua, Sororité, transmission, héritage, famille, éditions Isabelle Sauvage, mémoire, souvenirs, savoir, femme, mère, soeur, fille, livre, photographie, Frédéric Martin, chronique, 5ruedu,
©Lise Dua

Or, c’est l’impression émargeante est qu’il n’existe pas de différence au sein des différences. Toutes ces femmes sont, quelque part, d’un même continuum, d’une même sororité. Si le territoire observé est une partie de la Bretagne, il y a fort à parier que ce tissage aura des ramifications bien plus étendues. Parce que c’est, en toute simplicité, l’espace de l’Autre. Quand une grand-mère transmet sa langue à sa petite-fille, il importe peu que ce soit le breton, le basque ou l’alsacien, ce qui compte in fine, c’est que l’une et l’autre se retrouvent pour partager et perpétuer. C’est tout aussi vrai pour les lieux où elles échangent. Une maison avec véranda, le bief d’un moulin, des rochers… Ce n’est pas tant d’être là qui a une nécessité, mais d’ y être là à deux (ou quatre ou six !).
Nos propres mémoires, nos propres existences sont ainsi faîtes qu’elles se nourrissent de ça : un village, un mot, l’apprentissage d’un artisanat. À travers ces portraits, l’humanité est mise en évidence : ses héritages, ses apprentissages, sa construction générale.

Lise Dua, Sororité, transmission, héritage, famille, éditions Isabelle Sauvage, mémoire, souvenirs, savoir, femme, mère, soeur, fille, livre, photographie, Frédéric Martin, chronique, 5ruedu,
©Lise Dua

Avec Celles qui tissent, Lise Dua ouvre plus qu’une simple porte de maison, elle va à la rencontre des autres et dévoile ce réseau invisible, mais terriblement solide qui les lie. Est-ce que ce geste, assez simple en apparence, n’est pas le plus important ?
Alors que nos vies sont des mémoires perpétuées, peut-être que l’humanisme siège dans ces échanges.

Site de Lise Dua

Site des éditions Isabelle Sauvage

22€

Partagez :
Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

Newsletter

Saisissez votre adresse e-mail ci-dessous et abonnez-vous à la newsletter