Villa San Remigio – William Guidarini

Villa San Remigio, William Guidarini, Arnaud Bizalion éditeur, mélancolie, amour, enfant, calme, beauté, grâce, instant, chronique, livre photo, 5ruedu, Frédéric Martin,
©William Guidarini

William Guidarini conclue sa trilogie initiée avec Ceux qui restent et poursuivie avec Venise et ses îles, par Villa San Remigio, publiée toujours chez Arnaud Bizalion Éditeur.
L’ouvrage, de petit format, ressemble à un délicat carnet de notes, un bréviaire du souvenir et offre au lecteur un moment de beauté pleine.
Dans son texte liminaire, Pierre Cendors écrit : « Que voit le photographe que notre œil n’avait vu ? », et c’est de ça dont il s’agit ici, d’un regard sur un moment de vie, d’une échappée vers le « je » du souvenir que tout à chacun ne remarque pas nécessairement.

Villa San Remigio, William Guidarini, Arnaud Bizalion éditeur, mélancolie, amour, enfant, calme, beauté, grâce, instant, chronique, livre photo, 5ruedu, Frédéric Martin,

Le temps est immobile, une femme passe sa main sur son visage, un homme surgit de la pénombre, la mer ondule avec l’aube bleutée. Il ne se passe rien d’autre que la Vie, mais, pourtant, tout est là. Des palmiers, la côte découpée par des îlots rocheux, on marche sur les landes sous bleu du ciel, le corps se transforme, l’enfant est là.
Il y a l’infini et le minuscule, des heures pleines, rondes, des peaux, des mémoires, des souvenirs à chérir.
Le Temps n’existe pas, ou alors de manière circulaire : l’avant et l’après se croisent.

Laura Serani note en postface : « La villa San Remigio […] est le mirage et le refuge. » et c’est de ça dont il s’agit, d’un repli dans le creux des souvenirs, de la quête d’un bonheur dont il est nécessaire de garder la trace.

Villa San Remigio, William Guidarini, Arnaud Bizalion éditeur, mélancolie, amour, enfant, calme, beauté, grâce, instant, chronique, livre photo, 5ruedu, Frédéric Martin,
©William Guidarini

Williman Guidarini photographie Villa San Remigio à la première personne, s’affirmant comme protagoniste principal de son histoire. Toutefois, il évite l’écueil du bavardage unipersonnel. Ses images sont d’abord, et avant tout, des notes, des traces de ce qui a été. L’ouvrage prend d’ailleurs cette forme : il tient au creux d’une main, poussant le lecteur à s’approcher au plus près de ce qui est dit. Nous devenons les intimes de cette belle histoire, de la douce mélancolie qui traverse les pages.

Ici, rien de flamboyant ou de trop bavard, mais des touches délicates, fragiles, pareilles à des peintures impressionnistes. Parfois, on pense à Sisley ou Pissaro parce que les moments évoqués, dénués de toute grandiloquence, de toute obligation narrative, deviennent simplement les instants à vivre d’un quotidien magnifique.

William Guidarini a vécu cela, et il nous le livre tel un « c’est arrivé », « ça a été ».

Villa San Remigio, William Guidarini, Arnaud Bizalion éditeur, mélancolie, amour, enfant, calme, beauté, grâce, instant, chronique, livre photo, 5ruedu, Frédéric Martin,
©William Guidarini

Au fond, nous pouvons nous questionner et nous demander si l’auteur ne revient pas à ce qu’est la photographie de manière fondamentale : un art du réel, un support à ce qui fut vécu. Faisant le choix de multiplier les techniques, il saisit sa propre histoire aussi bien au moyen-format argentique, qu’au numérique ou au polaroïd couleur. Ce qui importe n’est pas l’outil, mais bien le récit, qui porte en lui les germes de ce qu’est être humain.

Nous naissons, vivons, mourrons, dans l’intervalle d’autres croisent nos existences : viennent l’Amour, les enfants, des bonheurs construits autour de choses microscopiques et essentielles. Le photographe reprend cette grammaire, la développe, nous invite par ses images à la relire sans cesse.

Tout est là.
Tout.
Encore une fois.

Villa San Remigio, William Guidarini, Arnaud Bizalion éditeur, mélancolie, amour, enfant, calme, beauté, grâce, instant, chronique, livre photo, 5ruedu, Frédéric Martin,
©William Guidarini

Mais de quoi allons-nous nous souvenir si nous ne nous rappelons de rien ? Dès lors, il faut capturer l’instant, le garder précieusement, photographier comme l’on respire, parce que demain, tout disparaîtra.

Elle est là la mélancolie, dans cette probabilité de la perte. Par bonheur, il reste les images. Toutes les images. Et un livre.

William Guidarini s’affirme avec Villa San Remigio comme un observateur poétique de l’existence, le chantre de l’infime et nous fait le don de la grâce.

Site de William Guidarini

Site d’Arnaud Bizalion Éditeur

35€

Partagez :
Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

Newsletter

Saisissez votre adresse e-mail ci-dessous et abonnez-vous à la newsletter