Avec Monolithe Hématomes Éditions propose la première monographie d’envergure du photographe Laurent Henrion. Tournant autour de la notion polysémique de désir, les images explorent des univers fragiles et fissurés.

Qu’est-ce que le désir ?

Un corps
Une perle
Une hutte tipi au creux de la nuit
Des femmes des hommes
Des perles
Des fleurs rouges incandescentes
Des images à la texture d’un catalogue de mode
Une lumière
Des couleurs

Tout est désir, mais tous les désirs ne sont pas les mêmes.

Monolithe intrigue. Par son titre d’abord. Il y a dans ce mot quelques réminiscences de 2001, l’odyssée de l’espace, un moment de curiosité, un cube noir, des questions et la fascination de ce qui nous est étranger.
Puis les pages se déroulent. Univers de photographies noir et blanc, sombres, tendues.
Les espaces vacillent, la nuit, les nuits prennent la mesure du temps. Ce sont des désirs-pulsions, la mort et le plaisir. Eros embrasse Thanatos qui le lui rend bien. Où sont les nôtres ? Nos envies de l’autre quel que soit son sexe, son genre ? Peut-être enfuis dans les vrombissements des lueurs, dans le vacillement des questions qui nous hantent, dans l’épaisseur opaque des nuits ?

Vient alors la couleur, autre chose, une dimension plus pop, la vie qui habite le monde et ces perles comme des jalons précieux. Il y a la joie de l’Autre, son contact qui nous rafraîchit et l’espoir, peut-être, en filigrane.
Les heures s’écoulent.
Nous percevons que le Temps est bien plus fluide que nous ne l’imaginons et qu’il sort des cadres convenus.
Il faut cesser de s’accélérer, se poser et regarder des aubes dorées, des fleurs à l’identique, et une statuette de stuc.
Désir de posséder, désir-avidité, désir-brut quand les teintes rouges embrasent le monde.
Qui sait ?

Puis, toujours, fil ténu de ce récit complexe, ces perles trésors dont nous ne savons pas toujours que faire.

Qu’est-ce que le désir ?

La question revient lancinante, protéiforme, sans réponses certaines. Il n’y a pas un, mais des désirs, c’est acquis. Mais qu’est-ce qui nous reste de cette phrase ?
La quête de Laurent Henrion le pousse à revenir sans cesse, encore et encore dans l’obsession de la trouver.
Certitude : le désir n’est pas monolithique.
Il est juste lui-même, un immense terrain d’enquête et de rencontre, un territoire en constante exploration, en expansion infinie.

Monolithe laisse à la fin de sa lecture, un sentiment étrange, comme si nos certitudes, nos je veux/je ne veux pas, étaient définitivement mis à mal.
Que savons-nous de nos propres désirs ? Au fond, pas grand-chose, puisque nous les prenons pour argent comptant sans le recul nécessaire.
Pourtant… Sont-ils vraiment si univoques ?

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