Vivant, le sacre du corps – Isabelle Chapuis

Isabelle Chapuis, Vivant le sacre ddu corps, corps, apparence, beauté, marge, norme, différence, peaux, animal, être soi, être à soi, Frédéric Martin, 5ruedu, chronique livre photo,
©Isabelle Chapuis

Alors que les représentations évoluent, certes lentement, le livre d’Isabelle Chapuis Vivant, le sacre du corps, arrive comme un manifeste esthétique et humaniste sur la beauté des corps dans leurs pluralités et leurs diversités. La photographe nous offre les portraits de quinze personnes que l’on pourrait considérer dans la marge dès lors que la société tente d’imposer une norme. Des textes, recensions de d’entretiens avec les modèles, font échos aux images, moments de grâce, de doutes et d’espoirs délivrés par ceux et celles qui se dévoilent devant nous.

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La peau est une enveloppe et une écorce.

La peau est pelage fauve, bête sauvage qu’il faut apprivoiser.

Elle enveloppe le corps.                                                                 Et les corps sont.

Des pattes de chien et Julien qui danse sa liberté d’être lui-même. Les cheveux comme une immense robe Nathalie devient femme-louve ; Frédéric se protège du monde.
Puis, Agathe à la peau d’écorce disant : « Je me sens animale parfois, c’est vrai. »; quelque chose d’un Faune dans le regard troublant de Quentin à la peau semée d’étoiles ; Adrien à la beauté flamboyante.
Il y a encore Anissa dont la blancheur devient une identité à part entière, les pommettes hautes de Robin et les corps voluptueux de Pierre ou Nina. On se perd dans les yeux aiguilles de Kandioura et chacun a vu son corps éclore de sa propre existence : Tysha et Jade aux peaux de marbre, Juliette qui grandira et Jeanine à qui un oncle disait : « T’es autre chose qu’une porteuse d’angiome, tu rayonnes d’autres qualités. »

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©Isabelle Chapuis

Le travail réalisé par Isabelle Chapuis est d’abord un choc esthétique. Les photographies qui composent Vivant, le sacre du corps sont délicatesse, subtilité avec un quelque chose de beauté picturale. Tout est ici affaire de douceur, de lumières tamisées et léchées. La photographe relie le corps à des éléments du vivant : pelages, écorces… Il y a la peau, il y a des peaux comme des vêtements ultimes. On dérive dans cette évocation d’une matière chaude et vivante, passant d’un être à un autre sans que rien ne coupe ce flux de Vie. Mais il ne saurait être limité à cela.

A une époque où les standards de beauté sont édictés comme des règles absolues, des vertus à atteindre alors même qu’elles sont inatteignables, ce livre pousse à la réflexion.

Quelle norme ? Quelle marge ?

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©Isabelle Chapuis

Il n’existe de corps parfait ou prétendument tel que dans des images synthétiques à force de retouches. Il n’existe de corps idéal que dans l’esprit pervers de créateurs de mode obnubilés par l’image plus que par l’humain. Il n’existe que des diktats, des injonctions mortifères qu’il faut dès maintenant dépasser.
Nous sommes toutes et tous une part du vivant, une part d’un ensemble plus vaste où la notion même de perfection n’a pas de sens. Rien n’est parfait, ou plutôt tout, semble nous dire Isabelle Chapuis.
Les choses sont perfection telles qu’elles sont.

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©Isabelle Chapuis

A la lecture des témoignages des modèles c’est d’ailleurs ce qui ressort : chacun, chacune vit avec le corps qui lui a été donné, avec ses marques, avec ses différences. Parfois le chemin a été long, douloureux pour l’apprivoiser, pour accepter de ne pas être comme les autres. Il a fallu subir les regards, les moqueries, l’incompréhension. Mais comme le dit Juliette, dix ans, avec une maturité remarquable : « Je me sens bien comme je suis. »

Vivant, le sacre du corps fait du bien, il réconforte le lecteur. Le talent d’Isabelle Chapuis n’est pas que photographique puisqu’à la lecture de son livre on se sent mieux dans notre peau, dans notre corps. On se sent enfin vivant.e, beau et belle et ça qui que nous soyons.

 C’est peut-être ça qui importe le plus.

 

Pour suivre le travail d’Isabelle Chapuis

59€

Sélectionné pour le Prix du livre des Rencontres Photographiques d’Arles 2023 et Prix HIP du livre en septembre 2023

Français – 136 pages – 80 photographies Design graphique : Stéphane = Damien

Imprimé et relié en France : Escourbiac Format : 23.00 x 31.00 cm

Reliure : couture apparente

Papiers :

–   Colorplan Stone embossage Coltskin

–   Olin Regular Natural

1ère édition / sept. 2022 : 200 exemplaires – SOLD OUT 2ème édition / déc. 2022 : 300 exemplaires – SOLD OUT

3ème édition / août 2023 : 200 exemplaires ISBN : 979-10-699-9919-0

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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