Space – Angélique Boudet

 

Space Angélique Boudet images plurielles
©Angélique Boudet

 

Paru aux éditions images plurielles, Space, de la photographe Angélique Boudet, interroge notre rapport à la beauté du monde, à sa simplicité. Croisant fragments de textes de cosmonautes et astronautes et images prises un peu partout sur la planète, c’est un ouvrage singulier de délicatesse, de douceur.

 

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Edgar Mitchell dira : « Il faut un long moment avant de se rendre compte qu’il s’agit de la Terre, notre demeure. »
Pourtant, une femme se prélasse dans l’eau d’un torrent.
Pourtant, la forêt est blanchie d’une neige épaisse.
Pourtant il y a les ombres d’une plante sur une terrasse.
Et puis, les nuages qui s’accrochent aux sommets des montagnes, les enfants pirouettant, le cresson bleu de Rimbaud, de la neige encore, des palmiers, des fleuves et huit milliards d’êtres humains qui ne regardent plus assez cette beauté, obnubilés qu’ils sont par la course effrénée au plus vite, plus loin, plus haut.
Space Angélique Boudet images plurielles
©Angélique Boudet

 

 

« Les premiers jours, nous montrions nos propres pays […]. Dès le cinquième jour, nous ne fîmes plus attention qu’à la seule Terre » Sultan ben Salman al-Saoud

Tout se tient en ces quelques mots où le voyageur de l’espace prend conscience de ce que nous occultons : la Terre est Une, indivisible, un tout uni. Et, Angélique Boudet a choisi avec sa photographie de nous ramener, de nous reconnecter à ce qui nous entoure. Ses images pleines de délicatesse sont une ode à ce monde que nous parcourons sans cesse, que nous polluons tout aussi allégrement et dont nous oublions dans notre mégalomanie qu’il est notre seul et unique refuge.

L’Homme a cherché à conquérir terres, mers, montagnes, forêts, et quand il en a eu fini, il s’est précipité dans l’espace. Après avoir pollué les rivages, rendu les pluies acides ; il cherche maintenant à faire de Mars son arrière-cour et de la Lune sa nouvelle salle de jeu.

Hélas, il oublie que tout est déjà ici, qu’il suffit de prendre un peu de recul pour prendre conscience comme l’ont fait les cosmonautes, comme le fait Angélique Boudet, que notre bonne vieille Terre se suffit amplement à elle-même et nous suffit tout autant.

Pourquoi chercher désespérément ailleurs ce qu’on a sous la main ? Pourquoi ne plus regarder ce quue nous voyons tous les jours ?

 

fugace
©Angélique Boudet

 

Les photographies qui composent Space, les textes auxquels elles sont associées, traduisent cette interrogation. Nous foulons une Terre qui regorge de beautés simples, fragiles et éphémères. Nous sommes là, regardant hâtivement ce qui nous entoure sans chercher à prendre le temps de contempler, de goûter le lieu, le moment.

C’est un rayon de soleil sur une branche, les pieds dans le sable, ce sont quelques herbes et deux chiens qui jouent sur le sable. C’est tout à la fois minuscule et plus immense que l’immensité.

 

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©Angélique Boudet

 

Dans l’espace il n’y a rien, ni sons, ni odeurs, rien d’autre que ce que nous pouvons y fabriquer.

Pourquoi s’y précipiter alors même que le travail d’Angélique Boudet regorge de musiques carnavalesques, du froid de la neige, d’une kyrielle de sensations ?

Space est un étonnant petit livre qui invite à la méditation, qui nous rapproche doucement du sublime que nous ne voyons plus.

« Todo esta qui (tout est ici) » disaient les révolutionnaires zapatistes. Oui, tout est ici, et comme le dit Taylor Wang :  » C’est ce que j’ai ressenti après avoir vu la Terre pour la première fois : rien n’aurait pu m’empêcher de l’aimer. »

Espérons que Space, à sa manière délicate et sensible, pourra aussi nous faire éprouver cet amour qu’elle mérite tant.

Pour suivre Angélique Boudet

Site des éditions images plurielles

25€

 

Préface : Eva Wissenz

 96 pages – 61 photographies en couleur et noir & blanc

 

 Format : 17 x 24 cm

 

 ISBN : 978-2-919436-58-3

 

 

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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