Avant l’écho – Noémi Pujol
©Noémi Pujol |
Après Parages, Noémi Pujol publie Avant l’écho, son second livre chez Arnaud Bizalion éditeur.
Et c’est un ouvrage, encore une fois, tout en délicatesse, en fragilité, un ouvrage d’instants d’équilibre, une mélodie du sensible qu’elle nous offre.
Un bateau, puis un autre, un autre encore ; nous sommes au Havre, à Sète ou ailleurs. Puis des enfants qui jouent dans la rue, l’un grimpe à un poteau, peut-être celui d’un lampadaire.
Un homme immense tient dans sa main un livre minuscule. Il tourne le dos aux rails du métro, voyage immobile dans les mots, au creux du ventre du monde.
Plus tard, on croise quelques silhouettes dans la lumière. Il fait beau et l’on attend, patient, sur le pas de la porte.
Où sommes-nous ? Quand ? Naples en 1994, Paris en 1980, Lisbonne en 2012. Mais nous sommes partout et nulle part, les lieux, les jours n’ont pas d’importance.
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Nous sommes dans la vie, dans le flux du temps, avant, juste avant, qu’il ne se répète. Et à regarder le travail photographique de Noémi Pujol on peut s’interroger sur ce que serait le temps, le lieu ou même la vie. Parce que chaque moment qu’elle nous partage, qu’elle nous offre plutôt, ressemble à un déjà-vu que pourtant nous ne connaissons pas.
C’est toute la force de cet ouvrage que de nous amener dans ce que nous percevons, où que nous croyons connaître, pour finalement nous laisser interrogatif et songeur face à ce que nous voyons. Nous savons que nous n’y étions pas, que ces femmes, ces hommes, ces lumières nous sont inconnus. Et malgré cela persiste un écho, une rémanence, un sentiment diffus.
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Mais surtout de cet écho initial, comme un premier chant, vient en contrepoint une seconde voix, qui suit la première.
D’une situation naît une autre ; l’enfant qui joue dans le caniveau laisse la place à une jeune fille dansante, qui sera observée par un troisième depuis son balcon. Tout se tient dans une trame narrative que certains nomment la vie, que nous pourrions appeler l’ici, le maintenant. L’existence est une belle histoire qui se joue, qui se raconte un peu partout, au même moment, mais aussi avec des années d’écart.
Noémi Pujol sait capter ces instants, les laisse vivre sur un temps long, puis recrée un monde double, une chanson plurielle. Et nous sommes spectateurs et auditeurs de celle-ci, avec la possibilité aussi de percevoir le monde dans son entier.
©Noémi Pujol |
Avant l’écho est un livre à la beauté incertaine et fragile, un livre dont il faut se saisir avec toute la délicatesse possible, comme on se saisit des choses précieuses : la joie, l’amour ou la vie. Et Noémi Pujol porte sa voix, son regard bien au-delà des pages du livre, pour nous inviter à être au monde, en son cœur, plutôt que de le survoler.
Prenons la peine de la suivre d’écho en écho…
Site d’Arnaud Bizalion éditeur
35€