Sicily #3 – Massimo Gurciullo

 

Massimo Gurciullo Sicily#3
©Massimo Gurciullo

 

Sicily #3 par Massimo Gurciullo arrive comme une claque en une fin d’après-midi glacée d’un hiver trop long.
Dehors les jours sont courts, sans charmes, mais dans le livre-revue (grand format, papier glacé, couverture souple) il y a des heures incertaines, de longs moments de vie, des journées comme d’immenses étés. Ca bouge et ça remue, ca swingue, c’est une nuit sans fin, qu’entrecoupent des heures de lumières.
On peut se demander ce que c’est…
Le mouvement, la joie ?
L’immobilité, la tristesse ?
La vie ?

 

Sicily

 

Une pile de valises, un départ demain après trente années passées en studio photo. Massimo veut sortir aller voir dehors ce qu’il se passe, ce qu’il y a à photographier.
Des corps nus de femmes, des madones ou des prostituées.
Un corbeau mort, la rue la nuit, une bagnole abandonnée là.
Et deux messieurs obèses, le soleil sur leurs peaux luisantes.
Des avenues vides, des gens qui courent et des fleurs qui éclosent.
Ca vit, ça vibre, ça bouge. C’est punk, destroy, et au loin on entend presque Iggy Pop qui braille The Passenger.
 
Massimo Gurciullo Sicily#3
©Massimo Gurciullo

 

A lire Sicily #3 on a l’impression que le photographe aurait croisé Nobuyoshi Araki et Martin Parr pour emprunter chez l’un et l’autre le meilleur.
Parce qu’il y a dans les images de Massimo une esthétique trash, comme un Do It Yourself vital et ironique.
On peut se demander si l’image ne doit pas, parfois, se contenter d’être, tout simplement, dans sa plus parfaite simplicité, sans détours alambiqués ou faux-semblants ?
Et c’est ce à quoi nous invite ce livre.
En effet, comme il a été dit, Massimo a eu ce besoin irrépressible de sortir de la photographie métronomique et policée des studios pour se confronter, se plonger dans les rues et les ruelles de la Sicile. De sa Sicile.
Massimo Gurciullo Sicily#3
©Massimo Gurciullo

 

Parce que Sicily #3 plus qu’un voyage est aussi un hommage (comme le travail d’Araki rend hommage à sa manière aux rues tokyoïtes) aux lieux, aux gens, à la vie.
On croise ce qui fait l’île : les motos Guzzi, les chaînes en or, les bateaux et les vagues d’une mer sans cesse renouvelée.
Mais aux détours d’une image, d’un instant figé sur le papier glacé voici la poésie des jours de soleil, des yeux pleins de joie.
Sicily #3 sonne finalement comme un poème punk, une version sous amphétamines de Cendrars.
Merci donc à Massimo de nous amener là-bas, chez lui, de nous inviter dans tous ces recoins que nous ne saurions voir.
Merci surtout de faire vivre la vie de cette façon.
 
19€
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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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