Sous le masque sacré – Alexandre Vigot

Alexandre Vigot Sous le masque sacré Arnaud Bizalion
©Alexandre Vigot

 

Alexandre Vigot a beaucoup parcouru l’Afrique lors de missions humanitaires dans une zone comprise entre le Sénégal et la République Démocratique du Congo.

Sous le masque sacré, paru chez Arnaud Bizalion éditeur, nous amène à sa suite dans ces Afriques loin de tout exotisme de bazar, de voyeurisme pour européen en mal d’ailleurs.

Alexandre Vigot Sous le masque sacré Arnaud Bizalion
©Alexandre Vigot

 

Les femmes, les hommes, les montagnes, les fleuves. Tout. Alexandre Vigot a tout saisi. Comment ? Pourquoi ?

Parce qu’il a su abandonner ses idées préconçues, peut-être ? (S’il n’en a jamais eu.)

Sous nos yeux naissent des myriades de vies, de moments. Une femme, coupe à la Grace Jones, nous regarde avec d’immenses yeux un peu mélancoliques.

Plus loin, frontal, le corps tâché de boue, l’homme nous fixe. Le regard est fier, interrogateur, puissant.

Ils sont nos frères, nos amis, nos semblables.

Alexandre Vigot Sous le masque sacré Arnaud Bizalion
©Alexandre Vigot
Les portraits sont nombreux, toujours très justes dans ce livre sincère. Le photographe parcourt le continent, va à la rencontre de ceux qui l’habitent.
Car c’est de ça dont il s’agit dans Sous le masque sacré : une rencontre sur plusieurs années.
Pas de misérabilisme, de bidonvilles et d’enfants aux ventres gonflés.
Pas de sensationnel, de guerrier Massaï, de lions.
Les clichés à la Tintin sont balayés.
L’Afrique est un ailleurs. Un voyage. Une découverte. Des rencontres.
Alexandre Vigot Sous le masque sacré Arnaud Bizalion
©Alexandre Vigot

 

Un âne chemine lentement.
Les collines sont immenses parsemées de minuscules habitations.
On prie, on palabre, on pousse un dromadaire récalcitrant.
C’est le bord du Niger, les montagnes de l’est de la RDC, le delta du Sine Saloum.
C’est partout et nulle part.
C’est surtout et avant tout les Hommes.
Alexandre Vigot Sous le masque sacré Arnaud Bizalion
©Alexandre Vigot

 

La très grande force du travail photographique d’Alexandre Vigot et par conséquent la puissance de ce livre est que pas un seul instant le lecteur ne se sent pris au piège d’un quelconque voyeurisme.
Comme le dit avec justesse Bernard Plossu en postface :  » […] la photographie généreuse à l’état pur. »
Alexandre nous offre un voyage inédit fait de simplicité, d’humanité, d’amour de l’autre et surtout d’un immense respect.
C’est sûrement ce qui (me) séduit le plus au fil de ces pages : le respect.
Pas un seul instant ne naît la sensation que l’image est déplacée, possède ce côté malsain que le riche porte parfois sur celui qui a moins que lui.
Et en cette époque où la pudeur se travesti à longueur d’émissions télévisées, où elle se déshabille sur Youtube, où elle n’est plus elle-même, ce retour à une vraie délicatesse ressemble à une immense bouffée d’air frais.
Demain ou plus tard Alexandre Vigot repartira peut-être. Il rencontrera d’autres femmes, d’autres hommes. Il les photographiera et si nous avons de la chance, il nous permettra de voir ses images, encore une fois.

 

 

 

 

Partagez :
Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur 5,rue du

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading