Fable – Elie Monferier

A l’origine il y a tout. A l’origine il n’y a rien.

 Et, ce que l’on croit être la réalité n’est au fond qu’une illusion qu’on entretient.

Lire Fable par Elie Monferier, paru chez Originiedizioni, c’est accepter de ne pas comprendre. De ne pas savoir. De ne pas interpréter.

C’est entrer ailleurs, dans un monde où l’image, pas plus que les mots, n’apporte de vérité, ne recèle de certitudes.

Elie Monferier edizioni origini fable livre
©Elie Monferier

 

Le livre devient ici, comme toujours chez Origini, objet d’art. Couverture déchirée, papier glacé presque de magazine qui rejoint le « beau » papier servent ce propos. Le livre n’est pas le Livre, pas plus qu’il n’est l’Objet. Le lecteur fera son choix.

Se forgera sa propre lecture.

Sa propre conscience de.

Ou pas.

Elie Monferier edizioni origini fable livre
©Elie Monferier

 

 

Dès lors, tout part de la forêt, l’entre monde illusoire, tout vient de l’Homme bardé de son « savoir ». Il y entre. Il chasse, il cherche, il traque et tue.

Il fait son travail d’Homme.

Mais, Elie Monferier s’attache à déconstruire tout ce que nous prétendons maîtriser, ces éléments de réalité qui nous gouvernent au quotidien.

Parce que l’Alpha peut devenir Oméga, le début la fin.

Et l’Homme se fissure, se fragmente. La raison aussi.

Ce qui était l’aboutissement pourrait bien n’être que l’origine. Le temps est circulaire, recommencement éternel de la mort à la naissance.

Pour ne pas se perdre, on songe à s’enlacer, se cacher la tête entre les mains. On songe seulement.

Elie Monferier edizioni origini fable livre
©Elie Monferier

 

 

Alors, on quitte la forêt, on court, on crie. Du ciel s’effondrent des étoiles ; des fougères nous fouettent. De chasseur on devient proie. De prédateurs on devient gibier pendu aux poutres.

On s’effraie de l’orage qui monte.

On se réfugie dans une grotte. Qui n’est pas qu’une grotte. Qui n’est qu’une grotte.

On se perd.

Mais vient le moment païen où, abandonnant nos peurs, nos peines, nos « peaux » on part à la conquête de l’Ailleurs, de l’Autre.

De Soi ?

Il y a manière à ne plus s’arroger d’évidences. Et le cycle reprend. Les bêtes mortes nous offrent chairs et trophées. Tout cela est vain, pourtant.

Elie Monferier edizioni origini fable livre
©Elie Monferier

 

 

« Ange plein de gaieté connaissez-vous l’angoisse » écrivait Baudelaire. Avec Fable, l’angoisse tend à être réversible, dès lors que l’on ne cherche plus à appréhender la photographie comme telle. Ce propos, servi par un très beau texte d’Elie, mais aussi des extraits d’Agota Kristoff, devient source d’une longue réflexion chez le lecteur.

 Qu’est-ce que je vois ? Et qu’est-ce que je ne sais pas ?

Elie Monferier edizioni origini fable livre
©Elie Monferier

Fable est un livre étouffant. Au sens premier du mot. Parce que s’y confronter nous amène à déroger aux vieilles habitudes de lecture. A perdre pieds. A s’ensevelir, s’ensauvager.

Et de fait, il devient un livre essentiel.

Tout comme les légendes d’antan, la lecture est polysémique, métaphorique. On ne ne peut pas se contenter de.

Ainsi, à une époque où on se congratule avec des pouces bleus, où les images défilent dans une marée aussi insipide qu’effrayante, le livre d’Elie Monferier sert de contrepoint essentiel.

Puisse t-il devenir l’avenir.

Le site d’Elie Monferier

Le site d’Origini Edizioni

 

 

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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