Exils/Réminiscences – Le pouvoir de l’intime – Christine Delory Momberger

 

   

 

Exils/Réminiscences et Le pouvoir de l’intime de Christine Delory-Momberger (accompagnée de Valentin Bardawil pour le second), parus chez Arnaud Bizalion, sont les deux faces d’une exploration intime.
Alpha et Oméga de la création, ils servent le lecteur en ce sens où bien plus qu’une oeuvre et son commentaire, ils se complètent pour suivre le cheminement qui permet l’aboutissement d’un questionnement.
Cheminement pratique, parfois, prélude à la création, mais surtout et avant tout, parcours des méandres du Je, du brouillard magmatique initial jusqu’à la révélation de Soi finale.
 Alpha et Oméga d’une auteure.
Christine Delory Momberger chronique livre photo noir et blanc Exils réminiscences
christine delory©agencerevelateur
Tout débute un dimanche d’automne ou d’hiver où Christine Delory-Momberger décide de photographier une petite photo familiale; de ces photos vernaculaires aux bords crantés qu’on contemple parfois pour retrouver quelque chose d’avant, pour remonter le fil mémoriel.
Photographie est faite avec un objectif macro. Zoom. Éclatement des possibles. La photo des débuts n’est plus. Elle laisse place à des photographies. Mouvantes. Changeantes. Glissant d’un réel vers un autre.
C’est ainsi que nait Exils/Réminiscences.
3 volumes vont suivre. Chacun découpé en 3 sections débutant par un texte à caractère poétique aux accents introductifs.
Pendant 7 ans, au fur et à mesure que l’auteure s’aventure dans sa  géographie familiale , une autre, intime, personnelle, émerge.
Il sera ainsi question d’exils croisés, de départs aux retours improbables, de frontières refusées que l’enfant franchira.
Puisant dans des archives familiales, où dans d’autres plus vastes, Christine Delory ne cesse son exploration, son en-quête, agrandissant, retranchant, cherchant, se cherchant. Les tirages (effectués par Nathalie Loparelli) sont noir et blanc, denses, sans concessions. Des hommes, des femmes, des visages, un château glacé, des enfants incertains… Le sujet devient objet, les autres et je se confondant.
christine delory©agencerevelateur
Du qui est qui du début, va naître, peut-être inconsciemment, le qui suis-je? Quelles sont ces racines que j’ai croisées sans en avoir vraiment les clés?
Au départ en Allemagne de la photographe vient l’écho des aïeux quittant l’Italie pour ce même pays. Résonne cette photographie puissante d’une mère née italienne, devenue française à 25 ans, à cheval sur une frontière qui n’en est déjà plus une, balayée par une guerre, une de plus. Tiraillée? Dissociée?
 Les 3 volumes laissent ce sentiment d’exils incessants, de recherche  » de cette occultation volontaire d’un passé encombrant » qu’évoque Stéphane Duroy dans une lettre à l’auteure. Passé qui n’aurait  été su, mais « senti » de manière sensible.
Par elle-même Exils/Réminiscences est déjà une oeuvre remarquable en cela qu’elle donne un parcours à la sensibilité évidente, aux questionnements universels. Il faut creuser en Soi pour livrer aux autres une part du monde. Il faut s’offrir, souffrir, pour avancer. Procéder à l’en-quête.
Christine Delory Valentin Bardawil
christine delory©agencerevelateur
Avec Le Pouvoir de l’Intime, Christine Delory Momberger et Valentin Bardawil proposent une vie plus vaste à Exils/Réminiscences.
Comme il est dit au début, ce second ouvrage n’est pas un simple manuel de compréhension de l’oeuvre.
Bien au contraire.
L’en-quête se poursuit ici par une passage à quatre mains offrant des éclairages complémentaires. L’en-quête c’est peut-être avant tout le voyage, la découverte (aux sens bivalent de dénuement et de visite) de l’intime. C’est à dire cette part de soi qui ne nous appartient plus vraiment puisqu’à la fois nous l’offrons aux autres et nous nourrissons de ce qu’ils nous livrent.
Pour Valentin Bardawil il est question de « révélation » dans le travail de la photographe. Triple révélation: par la voie de la photo argentique, révélation à soi et surtout révélation aux Autres.
Exils/réminiscences
christine delory©agencerevelateur
De ces œuvres foisonnantes, denses, aux pistes variées et troubles, on ne peut ressortir qu’avec des interrogations nombreuses. Sur le passé, soi, le monde tel qu’il nous entoure et tel que nous le voyons.
 Mais on ne peut ressortir, aussi, que transporté.
Les auteurs ont su proposer une autre lecture des mondes. Une fois les livres refermés, reste cette sensation que quelque chose de nouveau est là juste devant nous.
Mais quoi?
Il faudra retourner aux quatre ouvrages. Il faudra refaire ces chemins d’exils et arpenter les mémoires, les images, encore et encore pour apercevoir, peut-être, un début de réponse.
Qui n’en sera pas une.
Une autre chronique consacrée à C Delory: C Delory et Klavdij Sluban
Le pouvoir de l'intime
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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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