TROVA – Gilles ROUDIERE

« De alto Cedro voy para Macané/ Luego a Cueto voy para Mayari ».
La petite musique qui accompagne Trova de Gilles Roudière, paru aux éditions Lamaindonne, pourrait être de Compay Segundo.

Ce pourrait être cette histoire d’amour soucieuse, Chan Chan, que l’artiste cubain dit avoir rêvé une nuit avant de l’écrire au matin. Parce que dans le superbe ouvrage de Gilles Roudière il est aussi question de ça : d’amour, de musique, d’errance et de rêve.

Le photographe a déambulé à Cuba, laissant son pas et son œil le guider. Il en ressort  un livre d’une infinie richesse, songe fait de lenteur, de mélancolie, de soleil et d’ombre.
Comme une chanson en images.

 

Gilles roudière trova voyage à Cuba photo noir et blanc
©Gilles Roudière
Par un cheminement lent, Cuba devient peu à peu un univers invisible aux lumières éclatantes.
Une errance.
 A travers le noir et blanc granuleux, aux gris travaillés, naissent les contours oniriques d’espaces sans frontières. C’est la très grande force de ce livre : les codes que chacun pourrait associer au pays sont là.
Vieille voiture américaine,  écoliers en uniforme,  soleil et chapeau de paille…
Mais Gilles Roudière s’en est libéré, les a intégrés dans une partition vaste, où l’île devient une territoire fantasmatique. Chaque lecteur, emporté par cette musique,  ne peut rien faire d’autre que de s’évader.

 

Gilles roudière trova voyage à Cuba photo noir et blanc
©Gilles Roudière
Par instant on pense accrocher  la réalité : dans ce bus à l’énigmatique emplacement pour personnes handicapés, devant ces hommes accoudés au bar. Mais très vite un crocodile incongrûment surréaliste casse les barrières, les repères.
Alors, quoi de mieux que de lâcher tous nos codes et nos vieilles habitudes et de se laisser porter par le songe, la  mélancolie douce des images ?
La route nous appelle de sa cancion aux accents rugueux.
Prenons la sans nous retourner.
Gilles roudière trova voyage à Cuba photo noir et blanc
©Gilles Roudière
Avec ce livre si spécial, le lecteur aura l’occasion de goûter à un voyage sans autre fin que le temps qui le presse.
Espérons qu’il en a beaucoup. Ou qu’il saura le prendre.

Site de Gilles Roudière

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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